De nos jours il existe 349 races de chiens reconnues par la Fédération Cynologique Internationale (FCI). Pourtant, elles proviennent toutes d’un seul et unique ancêtre : le loup gris (Canis lupus). Alors comment en est-on arrivé là ? Comment les races de chiens sont-elles créées ? Aujourd’hui, on plonge au cœur de la diversité canine !
Pour créer une race, on utilise un procédé appelé « sélection artificielle » ou « élevage sélectif ». Il se compose de plusieurs étapes :
Sommaire
Étape 1 : choisir les critères souhaités pour sa race
Le questionnement : souhaitez-vous une race de chiens grands ou petits, gentils ou agressifs, minces ou robustes, à poil longs ou courts, frisés ou lisses (…) ?
Par exemple, les premiers hommes qui ont domestiqué le loup gris souhaitaient des animaux moins agressifs, plus petits, plus gentils et plus dociles avec les humains. Au fur et à mesure, les besoins des hommes ont évolué. Ils ont ensuite souhaité des animaux avec de bonnes aptitudes pour la chasse, pour garder le bétail, pour travailler, pour protéger leur maître ou pour lui tenir compagnie.
Étape 2 : trouver quelques spécimens remplissant ces critères à merveille
Le processus : Il faut maintenant trouver des chiens possédant les caractéristiques souhaitées. Il s’agit donc d’étudier les races existantes et de rechercher activement des spécimens convenables. Dans le temps, on se contentait de chercher autour de soi. De nos jours, on peut également faire le tour des élevages, des lieux de vente d’animaux, des salons, des expositions canines, des bases de données…
Par exemple, à la fin du Moyen-Âge la noblesse avait besoin de chiens rapides mais puissants pour aller chasser. Elle a donc choisi des lévriers (les chiens les plus rapides au monde) et des chiens de type molosse (dotés d’un corps massif et imposant). Le Dogue Allemand (combinant rapidité et force) est né de leurs croisements.
Étape 3 : l’accouplement
Le processus :
L’étape suivante, c’est la reproduction. Il faut croiser les spécimens sélectionnés (notre première génération). Une portée de descendants sera obtenue : la seconde génération. Mais tous n’auront pas les caractéristiques désirées, mère nature n’est pas une machine parfaite.
Il faudra donc sélectionner les quelques descendants qui correspondent le plus à nos critères. On les fera ensuite se reproduire afin d’obtenir une troisième génération avec laquelle on réitérera le processus. Et ainsi de suite. Il faut de nombreuses générations pour arriver à une nouvelle race stable. Cela peut prendre des décennies.
Un exemple :
Le Westie descend du Cairn Terrier. Ce dernier est de couleur crème, rouge ou grise. Cependant, l’ADN subit parfois des mutations aléatoires. Ainsi, quelques chiots blancs sont un jour apparus dans certaines portées de Cairn. Comme c’est un événement rare et qui n’augmente pas les chances de survie, il ne se serait probablement pas répandu seul (sélection naturelle : la nature pousse le plus adapté à survivre à se répandre).
Cependant, des hommes ont décidé de prendre le pas sur mère nature. Ils ont sélectionné les petits Cairns blancs, les ont fait se reproduire, ont sélectionné uniquement leurs descendants blancs, les ont fait se reproduire et ainsi de suite… Ils ont ainsi créé ce qu’on appelle aujourd’hui le Westie (sélection artificielle : l’homme pousse son choix à se répandre).
Étape 4 : la reconnaissance officielle
Pourquoi faire reconnaître sa race ?
Les races de chiens ne sont pas une classification scientifique mais une construction sociale. Alors si votre race n’est pas reconnue socialement, à quoi bon ? La « race » est une notion occidentale récente qui ne concerne qu’une minorité de chiens. La diversité canine est un continuum. Cependant nous, être humains, avons décidé de tracer des lignes aléatoires le long de cet éventail. Nous avons choisi certaines caractéristiques très précises et nous avons classé les chiens les possédant dans un même groupe racial. Mais il existe de nombreux chiens à mi-chemin que nous avons alors exclus et qualifiés de « bâtards ».
Ces standards de race ne sont d’ailleurs pas écrits par des vétérinaires, ni par des scientifiques, ils sont écrits par des clubs canins. Et ils ne sont pas basés sur des arguments scientifiques. Pourquoi décrète-t-on qu’un chien crème, rouge ou gris foncé est un Cairn Terrier mais qu’un autre chien identique à ça près qu’il est noir n’est pas un Cairn ? Simplement parce que le club canin du Cairn en a décidé ainsi et a écrit dans ses standards : « le noir est un défaut éliminatoire ».
Il existe souvent plusieurs clubs canins pour la même race, chacun définissant cette race de manière différente : les critères de race peuvent donc varier d’un pays à l’autre (un chien peut être considéré Westie dans un pays et bâtard dans un autre !). Et certains critères changent avec le temps (un chien considéré Westie aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain). On voit donc le côté abstrait de la notion de race.
Le processus de reconnaissance officielle
Donc si vous venez d’exécuter les étapes 1 à 3, la dernière phase consiste à créer votre club canin et à rédiger les standards de votre race. Vous pouvez y inscrire les caractéristiques que vous voulez. Elles définiront votre race. Il faudra ensuite se rapprocher d’une organisation officielle pour la faire reconnaître. Aux USA, c’est l’AKC et au Canada le CKC. Dans beaucoup de pays européens, il s’agit de la FCI. Chacune de ces organisations est chargée de répertorier et de diffuser des standards de race dans ses pays adhérents.
Voilà, maintenant vous savez comment les races de chien sont créées. Cependant, est-ce une bonne chose ? Notre prochain article sur le sujet investiguera les nombreuses dérives…
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