Chez la chienne, plus de la moitié des tumeurs sont des tumeurs mammaires. C’est un problème malheureusement très fréquent. Comment le prévenir ? Comment se passe le diagnostic ? Quel est le traitement ? On vous explique tout ce qu’il faut savoir.
Sommaire
Les différents types de tumeurs mammaires
Dans 50 à 65% des cas, il s’agit de tumeurs bénignes. Elles grossissent moins rapidement et se développent uniquement localement.
Le reste du temps, ce sont des tumeurs malignes (cancer) qui grossissent de manière agressive et envahissent le reste du corps. Les métastases touchent préférentiellement les poumons et l’enveloppe qui les entoure (la plèvre), cependant elles peuvent également atteindre beaucoup d’autres organes (foie, reins, peau, cœur, os, yeux, système nerveux, glandes surrénales…).
Il existe de nombreux types de tumeurs mammaires : carcinome, sarcome, carcinosarcome, adénome, fibroadénome, papillome… L’adénocarcinome et les tumeurs mixtes sont les plus courants.
Les facteurs de risque
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Le sexe : c’est un problème très fréquent chez les femelles et très rare chez les mâles (ces derniers ne représentent que 1% des animaux atteints).
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La race. Certaines sont prédisposées : Caniche, Épagneul, Cocker, Berger Allemand, Bichon Maltais, Yorkshire Terrier, Teckel…
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L’âge : les animaux de 9-11 ans sont plus souvent touchés.
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La prise répétée de médicaments hormonaux (ex : contraceptifs à base de progestérone), car les tumeurs mammaires sont hormono-dépendantes.
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Ne pas stériliser sa chienne.
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Les grossesses nerveuses.
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Une alimentation excessive (obésité) ou trop riche en viande rouge. Les rations ménagères augmentent également le risque.
Les symptômes en cas de tumeur mammaire
Tout d’abord, le chien va développer une sorte de boule à hauteur d’une de ses mamelles. Dans la moitié des cas, plusieurs mamelles sont atteintes en même temps. Cela concerne souvent les deux dernières paires (les chiens en ont 5 paires).
En général, les tumeurs malignes engendrent des signes locaux plus importants : gonflement, rougeur, ulcérations, infiltration (la masse est peu mobile et adhère aux autres tissus environnants), ganglions durs et augmentés de volume…
De plus, on observe parfois des symptômes liés à l’invasion des autres organes en cas de métastases. Selon l’organe atteint, il peut y avoir des problèmes respiratoires (ex : toux), locomoteurs (ex : boiterie), rénaux (ex : augmentation de la soif et des urines), nerveux (ex : convulsions), cutanés (ex : lésions et démangeaisons)…
Pour finir, des symptômes dus à syndrome paranéoplasique (les effets indirects d’une tumeur) sont également possibles : fièvre, troubles de la coagulation (CIVD), déformations osseuses (ostéopathie hypertrophique), augmentation du calcium sanguin…
Comment se passe le diagnostic ?
Toute grosseur n’est pas forcément tumorale. Il peut aussi s’agir de diverses autres anomalies : mammite et abcès (une infection), hernie inguinale (une protrusion d’organes à travers la paroi abdominale via le canal inguinal), hyperplasie mammaire, kyste… Le vétérinaire commencera donc par éliminer ces autres options.
S’il s’agit bien d’une tumeur, il faudra effectuer un bilan d’extension pour évaluer sa propagation et son stade (selon un système de classification appelé « TNM » : Tumeur, Nœud lymphatique, Métastases). C’est utile pour avoir une idée du pronostic de l’animal (taux de survie à 1 an, risques de récidive…) et pour comparer l’efficacité des protocoles thérapeutiques. Le bilan comprend 3 parties :
1) Le vétérinaire examine la tumeur afin de la caractériser plus clairement (taille, position, adhérence aux tissus environnants…).
2) Il examine les ganglions lymphatiques régionaux pour voir s’ils sont atteints. On doit faire une cytoponction à l’aiguille fine de tout ganglion anormal.
3) Il recherche des métastases ailleurs dans le corps à l’aide d’une radiographie du thorax et d’une échographie de l’abdomen. Certains vétérinaires proposent même un scanner ou une IRM.
Pour connaître à l’avance la nature exacte de cette tumeur, une cytoponction ou une biopsie incisionnelle de la masse sont nécessaires. Toutefois, c’est peu réalisé en pratique. En général, on passe directement à une exérèse chirurgicale de toute la tumeur. Elle sera alors analysée à posteriori.
Le traitement des tumeurs mammaires
La chirurgie
Elle est indiquée sauf s’il s’agit d’un carcinome inflammatoire (un type de tumeur), si l’état de santé de l’animal est incompatible avec une opération, ou si cette dernière serait trop invasive (ex : tumeur très étendue ou très adhérente au point de nécessiter l’exérèse de côtes…).
En cas de métastases, la chirurgie peut tout de même apporter un meilleur confort au chien si la tumeur est ulcérée ou de taille gênante. Mais elle n’a alors pas un but curatif et doit donc être couplée à un traitement adjuvant.
Diverses opérations peuvent être proposées selon le nombre de tumeurs, leur nature, leur taille, leur localisation, leurs adhérences, l’âge de l’animal, son état général… Voici les différentes options :
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La nodulectomie : excision de la petite tumeur. Ce n’est envisageable qu’en cas de tout petit nodule bénin.
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La mammectomie : excision de la tumeur et de la glande mammaire associée.
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La mastectomie régionale : excision de la tumeur, de la glande associée et des deux autres glandes drainées par le même ganglion.
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La mastectomie totale unilatérale : excision de toutes les glandes du coté touché.
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La mastectomie totale bilatérale : excision de toutes les glandes des 2 cotés. C’est une opération très lourde.
Les ganglions lymphatiques sont aussi retirés selon les cas.
Les traitements adjuvants
Différents traitements peuvent également être proposés en plus de la chirurgie : chimiothérapie, anti-inflammatoires, thérapie hormonale (ex : anti-œstrogènes, anti-progestagènes)… Une radiothérapie est aussi envisageable lorsque la résection totale de la tumeur n’est pas réalisable.
Les mesures de prévention
La stérilisation de la chienne a un effet protecteur et plus on la réalise tôt, plus il sera important. En effet, si on stérilise une chienne avant ses premières chaleurs, son risque de développer une tumeur est de 0,05%. Si l’opération a lieu avant ses deuxièmes chaleurs, le risque est de 8%. En revanche, si elle a lieu après deux ans et demi, il n’y a plus d’effet protecteur significatif et le risque remonte à 26%.
Par ailleurs, pour prévenir les tumeurs mammaires il convient également de fournir une alimentation correcte à sa chienne (sans excès), d’éviter l’obésité et de ne pas lui donner de médicaments à base de progestérone.
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