L’hémostase, c’est le processus qui stoppe les saignements, comme lors d’une petite coupure par exemple. Mais ce mécanisme est parfois altéré. Le chien peut alors saigner de manière anormale ou développer des caillots. Voici l’essentiel à savoir sur ces troubles.
Sommaire
Comment le corps arrête-t-il un saignement ?
Lorsqu’un chien se blesse et saigne, son organisme déclenche une suite de mécanismes visant à « boucher la fuite ». Cela comprend 3 étapes :
1) L’hémostase primaire : les vaisseaux sanguins se contractent et les plaquettes (des petites cellules sanguines) s’agrègent au niveau de la lésion. L’amas ainsi formé s’appelle « le clou plaquettaire ». Il comble un peu la brèche, mais il est instable et quelque peu perméable. Une consolidation est donc nécessaire.
2) L’hémostase secondaire (coagulation) : une cascade de réactions, faisant intervenir des protéines appelées « facteurs de coagulation », aboutit à la formation d’un caillot solide, stable et étanche. Ça y est, l’urgence est traitée, la brèche est colmatée ! Toutefois, cela reste une solution de fortune, un petit rafistolage temporaire.
3) Dernière étape : le caillot est lysé. La suite de la cicatrisation prendra le relais et les parois des vaisseaux se répareront avec des cellules normales.
Qu’est-ce qui peut causer un problème d’hémostase?
Les causes de troubles de l’hémostase primaire
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Une anomalie au niveau des vaisseaux sanguins du chien (ex : une vasculite).
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Le chien n’a pas assez de plaquettes (thrombocytopénie). Cela arrive si :
– La moelle osseuse a un problème et ne produit pas les plaquettes en quantité suffisante (ex : hypoplasie ou aplasie médullaire causée par un médicament, une infection, un problème immunitaire, un cancer, une irradiation…)
– Quelque chose détruit les plaquettes (ex : le système immunitaire lors de la « thrombocytopénie à médiation immune », une affection assez fréquente).
– Les plaquettes sont séquestrées dans la rate (ex : hypersplénisme). C’est rare. -
Les plaquettes fonctionnent mal (thrombopathie) à cause d’une maladie de von Willebrand (un trouble héréditaire rare), d’un médicament (ex : AINS), d’une insuffisance rénale, d’une inflammation…
Les causes de troubles de l’hémostase secondaire
Cette étape requiert des « facteurs de coagulation », des protéines en grande partie fabriquées par le foie. La synthèse de certaines d’entre elles nécessite de la vitamine K. Il peut donc y avoir un problème de coagulation lors :
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D’insuffisance hépatique. Le foie n’arrive plus à fabriquer les facteurs de coagulation correctement.
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D’intoxication aux anti-vitamines K. Ils sont présents dans certains pesticides (ex : mort-aux-rats de type warfarine) et dans certaines plantes (ex : Férule commune, Mélilot jaune).
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De carence nutritionnelle en vitamine K (mais c’est rare).
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De maladie héréditaire altérant la synthèse d’un des facteurs de coagulation (ex : hémophilie).
Les cause de CIVD, un trouble de l’hémostase primaire ET secondaire
La CIVD, ou coagulation intravasculaire disséminée, est une maladie qui peut avoir de nombreuses origines dont :
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Une infection, une inflammation, un cancer.
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Certaines maladies particulières : syndrome de dilatation-torsion de l’estomac, pancréatite, problèmes de foie, troubles obstétricaux (lors d’une gestation), anémie hémolytique à médiation immune…
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Un traumatisme ou une brûlure.
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Une intoxication, du venin de serpent…
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Un accident de transfusion, une chirurgie.
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes lors de troubles de l’hémostase primaire
Cela provoque des petites hémorragies superficielles au niveau de la peau ou des muqueuses :
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Taches cutanées rouges ou violettes (ecchymoses et pétéchies).
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Sang dans les selles (méléna).
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Sang dans les urines (hématurie).
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Saignements nasaux (épistaxie).
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Accumulation de sang dans l’œil (hyphéma).
Les symptômes lors de troubles de l’hémostase secondaire
Dans ce cas-ci, les hémorragies sont plus importantes et plus profondes :
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Hématomes (une grosse bosse bleutée).
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Saignements dans les cavités corporelles (thorax, abdomen…) ou dans les articulations (hémarthrose).
Les symptômes lors d’une CIVD
Phase 1 : en cas de CIVD, la coagulation fonctionne tout d’abord en surrégime. Cela engendre beaucoup de caillots sanguins qui pourront même boucher des vaisseaux. On appelle ça « une thrombose ». Les organes mal irrigués ne fonctionneront plus correctement. Selon l’organe touché, il peut y avoir une insuffisance rénale, des problèmes nerveux, respiratoires, hépatiques… De plus, tous ces caillots peuvent aussi léser les parois des vaisseaux sanguins, qui endommageront alors les globules rouges et diminueront leur nombre (anémie).
Phase 2 : Au bout d’un moment, le corps de l’animal finira par manquer de facteurs de coagulation et de plaquettes. La coagulation se mettra alors à fonctionner en sous-régime, ce qui provoquera de nombreux signes hémorragiques (les symptômes des troubles de l’hémostase primaire et secondaire). Le chien peut finir en état de choc.
Comment le diagnostic est-il posé ?
Le vétérinaire commencera par examiner l’animal. Il pourra ensuite effectuer différents test afin de mettre en évidence un problème d’hémostase :
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Temps de saignement : cela consiste à faire une petite incision dans la bouche du chien et à chronométrer le temps qu’elle met pour arrêter de saigner. Ça ne doit pas prendre plus de 4-5 minutes normalement.
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Temps de coagulation (Quick, céphaline activée, thrombine). Une partie du sang de l’animal est placée dans un tube avec différents produits. Puis, on chronomètre le temps qu’elle met à coaguler.
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Mesure des plaquettes et d’autres paramètres sanguins indicateurs (ex : PDF, fibrinogène, ATIII). On peut aussi doser certains facteurs de coagulation ou le facteur de von Willebrand (pour la maladie éponyme) afin de vérifier qu’ils ne font pas défaut.
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Frottis sanguin. Il s’agit d’observer une goutte de sang au microscope. Cela informe sur le nombre de plaquettes, leur morphologie, la présence de globules rouges anormaux fréquents en cas de CIVD (schizocytes)…
Selon les cas, d’autres examens peuvent aussi être recommandés afin d’évaluer les complications ou de trouver la cause du problème : un bilan sanguin plus complet et une recherche de microbes, une ponction de moelle osseuse, une radiographie, une échographie, une analyse urinaire…
Quel est le traitement des problèmes d’hémostase ?
L’animal peut avoir besoin d’un traitement de soutien en fonction de son état (repos, fluidothérapie, oxygénothérapie…). De plus, des transfusions sont parfois nécessaires. Il faudra également s’occuper de l’origine du problème. Et chaque cause a un traitement spécifique : immunosuppresseurs en cas de thrombocytopénie à médiation immune (ex : corticoïdes), vitamine K en cas d’intoxication à la mort-aux-rats AVK, antibiotiques en cas d’infection bactérienne, traitement anti-cancéreux en cas de tumeur, arrêt du médicament incriminé…
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