Les globules rouges, aussi appelés « hématies », sont des cellules sanguines essentielles. Quand ils viennent à manquer, on parle d’anémie. On vous explique tout ce qu’il faut savoir sur ce trouble.
Sommaire
La composition du sang
Le sang représente 8% du poids corporel d’un chien. Il est composé de plusieurs éléments :
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Les globules rouges. Ce sont les cellules transportent l’oxygène des poumons aux organes (pour qu’ils puissent fonctionner) et le CO2 des organes aux poumons (où ce déchet sera expulsé).
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Les globules blancs. Il s’agit des cellules du système immunitaire. Elles défendent l’organisme contre les infections.
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Les plaquettes. Elles ont un rôle dans la coagulation et permettent de stopper les saignements.
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Le plasma. Il comprend tous les autres éléments non cellulaires : eau, protéines, minéraux…
Les globules rouges, blancs et les plaquettes sont fabriqués par la moelle osseuse, le tissu situé au centre des os.
C’est quoi l’anémie ?
L’anémie se définit comme une diminution du nombre de globules rouges, de la concentration sanguine d’hémoglobine (la substance à l’intérieur les globules rouges) ou de l’hématocrite (le pourcentage du volume sanguin occupé par les globules rouges).
Les causes d’anémie chez le chien
1. Une perte de sang (anémie hémorragique)
Il peut s’agir :
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D’une perte aiguë, rapide et massive : traumatisme, problème de coagulation (ex : CIVD, intoxication à la mort-aux-rats)…
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De pertes chroniques, en petites quantités sur le long terme, passant souvent inaperçues : problème digestif (ex : ulcère, parasite, tumeur), trouble urinaire (ex : cystite, calcul), parasite externe (ex : puces), problème génital (ex : tumeur)…
2. Une destruction des globules rouges (anémie hémolytique)
Les globules rouges peuvent être endommagés par :
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Un microbe : un parasite (ex : Babésia), une bactérie (ex : les toxines de Leptospira).
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Le système immunitaire du chien : on parle alors d’ « anémie hémolytique à médiation immune » (AHMI).
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La paroi des vaisseaux sanguins rétrécis à cause d’une tumeur (ex : hémangiosarcome), d’un caillot (ex : troubles de la coagulation comme la CIVD), d’une inflammation, d’une lésion infectieuse… Cela s’appelle une « anémie hémolytique microangiopathique ».
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Des agents oxydants : oignon, ail, zinc, médicaments (ex : paracétamol, benzocaïne), maladies (ex : diabète, lymphome)… Ils peuvent engendrer ce qu’on appelle une « anémie à corps de Heinz » ou de la « méthémoglobine ».
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Il existe aussi d’autres causes bien plus rares (ex : déficience héréditaire en enzymes de la glycolyse, hypersplénisme qui est un hyperfonctionnement de la rate).
3. Une production de globules rouges insuffisante (anémie hypoproliférative)
Il y a plusieurs causes possibles :
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Un problème de moelle osseuse qui n’arrive plus à fabriquer les hématies correctement (hypoplasie ou aplasie médullaire, myélophtisie, myélodysplasie) à cause d’une infection (ex : parvovirose, leishmaniose, ehrlichiose), d’une tumeur (ex : leucémie, myélome, métastases), d’un médicament (ex : chimiothérapie, œstrogènes, PBZ, TMP-SMX), d’une maladie auto-immune, d’un toxique, d’une irradiation…
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Une carence en éléments nécessaires à la fabrication des globules rouges (ex : fer, cobalt, vitamines B9 ou B12). Les causes sont diverses : diète inadaptée, maladies digestives (elles provoquent parfois une mauvaise absorption des aliments), gestation (cela augmente les besoins)…
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Une diminution de l’EPO, une hormone chargée de stimuler la synthèse des globules rouges. Cela peut arriver en cas d’insuffisance rénale chronique (l’EPO est fabriquée par cet organe) ou lors de certaines maladies hormonales (ex : hypothyroïdie, maladie d’Addison).
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Une inflammation chronique quelconque : infection, problème immunitaire, tumeur…
Anémie régénérative VS non régénérative
Si la moelle osseuse fonctionne bien, on parle « d’anémie régénérative ». Les hématies sont en faible nombre, toutefois les os en produisent massivement pour tenter de compenser. Cela arrive surtout en cas d’anémie hémolytique et hémorragique aiguë.
A contrario, quand la moelle osseuse n’arrive pas à produire les globules rouges correctement, on parle « d’anémie non régénérative ». Cela arrive surtout en cas d’anémie hypoproliférative et hémorragique chronique (à force de perdre du sang, le chien finit par manquer de fer, or ce dernier est nécessaire à la synthèse des globules rouges).
Les symptômes de l’anémie
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Muqueuses pâles.
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Fatigue, faiblesse, intolérance à l’exercice…
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Perte d’appétit.
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Sensibilité au froid augmentée.
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Il y a parfois un souffle cardiaque à l’ausculation ou des syncopes (de brèves pertes de connaissance).
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Augmentation des fréquences cardiaque et respiratoire (le corps essaie de compenser).
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En cas d’anémie hémolytique, les globules rouges sont détruits et leurs débris finissent dans le sang, puis les urines, ce qui peut provoquer de l’ictère (un jaunissement des muqueuses) et des urines de couleur orangée, rouge à noire (bilirubinémie / urie, hémoglobinémie / urie).
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Des signes liés à la maladie ayant causé l’anémie peuvent aussi apparaître : fièvre, méléna (du sang dans les excréments)… Ils varient selon l’origine du problème.
Comment le diagnostic est-il posé ?
1. Déterminer si le chien a bien de l’anémie et la caractériser
Tout d’abord, le vétérinaire examinera votre animal. S’il suspecte une anémie, il suffit de faire une prise de sang pour la confirmer. Plus précisément, l’analyse s’appelle un hémogramme, NFS (Numération Formule Sanguine) ou hémato. Elle donne de nombreuses informations sur les globules rouges (nombre, taille, teneur en hémoglobine…). Elle informe aussi sur les globules blancs et sur les plaquettes. Une alternative est d’effectuer un microhématocrite, un autre test sanguin.
De plus, il faudra déterminer si l’anémie est régénérative ou pas. On le saura grâce à la mesure du nombre de réticulocytes dans le sang (les bébés globules rouges), à l’hémogramme et au frottis sanguin (l’observation d’une goutte de sang au microscope). Ce dernier donne aussi d’autres indications très utiles (présence de cellules anormales, de parasites…).
2. Trouver la cause de l’anémie
Pour ce faire, votre vétérinaire pourra également recommander d’autres tests selon ses suspicions : analyses sanguines supplémentaires (ex : dosage de la bilirubine, recherche de microbes, protéines sériques, fonction rénale et hépatique, hormones), test d’autoagglutination ou de Coombs (pour mettre en évidence une anémie hémolytique à médiation immune), ponction de moelle osseuse, analyse de selles (recherche de sang occulte ou de parasites), analyse urinaire, bilan de coagulation, imagerie médicale…
Le traitement de l’anémie chez le chien
Les transfusions et la fluidothérapie
Les transfusions sont utilisées en cas d’anémie sévère. Cela consiste à perfuser du sang total (frais ou conservé), un concentré de globules rouges, ou bien de l’oxyglobine (de l’hémoglobine bovine).
Une fluidothérapie peut être proposée si le volume sanguin de votre chien est trop bas (hypovolémie). Cela permet de rétablir le volume circulant. Cette fois-ci, on perfuse des fluides qui contiennent de l’eau et diverses molécules, mais qui ne contiennent pas de globules rouges ou d’hémoglobine.
Le traitement causal
Il faut également s’occuper de l’origine du problème, ce qui a provoqué cette anémie. Chaque cause a son traitement : médicaments immunosuppresseurs en cas d’anémie à médiation immune (ex : corticoïdes), anti-acides et pansements gastriques en cas d’ulcère de l’estomac, antibiotiques ou antiparasitaires en cas d’infection bactérienne ou parasitaire, meilleure nutrition en cas d’anémie par carence alimentaire, supplémentation en fer en cas de manque, vitamine K en cas d’intoxication à la mort-aux-rats AVK, traitement anti-cancéreux en cas de tumeur…
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