Cortisone et autres anti-inflammatoires stéroïdiens chez le chien

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Les corticoïdes, ou anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS), sont des médicaments essentiels. Le plus connu d’entre eux est la cortisone. Ces substances ont de nombreux effets utiles et de nombreux effets néfastes. Elles doivent donc être utilisées de manière raisonnée. On vous explique tout ce qu’il faut savoir.

Les deux types d’anti-inflammatoires : AINS versus AIS

Il existe deux genres de médicaments anti-inflammatoires :

Ils n’ont pas la même structure, pas le même mécanisme d’action, pas les mêmes utilisations et pas les mêmes effets secondaires.

Corticoïdes naturels versus corticoïdes de synthèse

Les corticoïdes naturellement présents dans l’organisme

Les hormones stéroïdiennes sont des molécules produites par le corps de votre chien. Il y en a plusieurs : les glucocorticoïdes (ex : cortisol), les minéralocorticoïdes (ex : aldostérone) et les stéroïdes sexuels (ex : œstrogènes, testostérone, progestérone).

Les glucocorticoïdes sont ceux qui nous intéressent aujourd’hui. Ils sont sécrétés par des petites glandes situées au-dessus des reins de votre animal : les glandes surrénales. Ce sont des hormones essentielles au bon fonctionnement de l’organisme.

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Les corticoïdes de synthèse

Les médicaments anti-inflammatoires stéroïdiens sont des molécules fabriquées en laboratoire qui imitent les glucocorticoïdes naturels. Toutefois, elles sont plus puissantes et plus spécifiques que ces derniers. Par exemple, on citera la dexaméthasone ou la prednisolone.

Les effets des glucocorticoïdes

Propriétés anti-inflammatoires

L’inflammation est une réaction normale de l’organisme lorsqu’il est face à une agression physique (ex : brûlure thermique, trauma, radiations), chimique (ex : brûlure chimique par un produit ménager corrosif) ou biologique (ex : infection, cancer, allergie, maladie auto-immune).

Les principaux symptômes d’une inflammation sont : la rougeur (“rubor”), le gonflement (“tumor”), une sensation de chaleur (“calor”), une douleur (“dolor”) et un fonctionnement anormal de l’organe touché (“functio laesa”).

À la base, il s’agit d’un mécanisme bénéfique mis en place pour protéger et réparer les tissus lésés. Toutefois, il arrive qu’il devienne délétère et qu’il faille le stopper. C’est ici qu’interviennent les glucocorticoïdes.

Propriétés immunosuppressives

Ces hormones inhibent l’activité du système immunitaire, ce qui explique leur utilité en cas de maladie causée par son dysfonctionnement (allergies, troubles auto-immuns…).

Action sur le métabolisme

Les glucocorticoïdes régulent les glucides, les protéines et les graisses de l’organisme. Ils ont une action hyperglycémiante (augmentation du taux de sucre sanguin), entraînent une fonte musculaire, lysent les tissus graisseux et les réorganisent. D’autre part, ces molécules interagissent avec le métabolisme du calcium et des os. Au bout du compte, elles engendrent une résorption osseuse.

Autres effets

Pour finir, les glucocorticoïdes ont également de nombreux autres effets, notamment au niveau du système nerveux, cardiovasculaire ou digestif, des reins, de l’horloge interne, du comportement et de la mise bas.

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Les effets indésirables des traitements à base d’AIS

AIS par voie locale (sur la peau, les oreilles, les yeux…)

Lorsqu’ils sont utilisés localement (ex : pommade cutanée, spray auriculaire, gouttes oculaires…), les AIS n’ont pas, ou très peu, d’effets secondaires systémiques (ceux des AIS par voie générale). Néanmoins, ils peuvent éventuellement causer une allergie ou une infection locale. Par ailleurs, si on les utilise de manière prolongée, il est possible qu’ils engendrent une atrophie cutanée en cas d’application sur la peau ou des problèmes oculaires en cas d’application dans l’œil.

AIS par voie générale (injections, comprimés)

– Augmentation de l’appétit, de la soif et des urines (polyphagie, polyurie, polydipsie).

Infections secondaires (à cause de l’effet immunosuppresseur).

Ulcères de l’estomac. Mais cela arrive surtout si on associe un AIS et un AINS.

Hypertension (pression artérielle trop élevée), troubles du rythme cardiaque.

– Altération de la formule sanguine (nombre de globules blancs et rouges).

– Retard de cicatrisation.

– Atrophie cutanée (affinement et fragilisation de la peau).

Hyperglycémie. Les AIS peuvent aggraver ou déclencher un diabète sucré.

Ostéoporose. C’est une maladie osseuse qui cause des fractures spontanées.

– Lésions articulaires, fragilisation des tendons et des ligaments.

– Faiblesse musculaire.

– Ralentissement de la croissance.

– Problèmes oculaires : ulcères de la cornée, glaucome, cataracte.

Avortements et effet tératogène (malformations du fœtus).

Insuffisance surrénalienne suite au sevrage d’AIS.

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Quand utilise-t-on des AIS ?

Ces médicaments sont utilisés pour traiter tout type d’organe. On les emploie en cas d’allergie  (ex : choc anaphylactique, dermatite atopique), de maladie auto-immune (ex : lupus, pemphigus foliacé) ou à médiation immune (ex : méningite cortico-répondante, polyarthrite), de cancer (ils servent parfois de chimiothérapie) ou d’inflammation quelconque (ex : hernie discale, uvéite). Ils traitent également l’insuffisance surrénalienne (où les glandes surrénales ne produisent pas assez de corticoïdes naturels).

Ils peuvent être donnés de manière ponctuelle pour des problèmes aigus ou à plus long terme pour des problèmes chroniques. Dans ce dernier cas, le risque d’effets secondaires devient de plus en plus important.

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Les précautions avant d’utiliser des AIS

Il y a de nombreuses situations dans lesquelles il faut éviter les corticoïdes. C’est par exemple le cas si votre chien a une infection non contrôlée, si ses glandes surrénales produisent déjà trop de corticoïdes (syndrome de Cushing), s’il a diverses autres maladies (diabète, ostéoporose, insuffisance rénale ou cardiaque, glaucome, ulcère de la cornée…) ou s’il s’agit d’une femelle gestante.

On ne doit pas donner d’anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS) en même temps que des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) car cela décuple le risque d’ulcère. Par ailleurs, les AIS peuvent interagir avec divers autres médicaments (ex : certains diurétiques et certains médicaments cardiaques comme les digitaliques).

Toute vaccination doit être évitée lorsque le chien prend un traitement à base d’AIS. Il convient de le stopper 2 semaines avant et après le vaccin. L’effet immunosuppresseur des AIS empêche la vaccination de fonctionner correctement. En outre, cela peut poser un risque s’il s’agit d’un vaccin vivant atténué ou vectoriel.

En cas de traitement sur le long cours, il ne faut pas arrêter le médicament de manière brutale. L’arrêt doit être progressif.

Il est donc essentiel de respecter méticuleusement la prescription de votre vétérinaire (médicament, dose, durée du traitement…).

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Rédigé par Dr. Grégoire, vétérinaire

Docteur en Médecine Vétérinaire, je suis avide d’apprendre et passionnée par le monde animalier. C’est avec grand plaisir que je partage avec vous ce que j’ai pu découvrir au cours de mon chemin !