Le glaucome du chien est une maladie oculaire qui peut rapidement aboutir à une perte de vue totale et irréversible. Une prise en charge correcte et rapide est donc essentielle. Voici tout ce qu’il faut savoir sur le sujet.
Sommaire
L’œil du chien
Les globes oculaires des animaux sont composés de trois membranes (de la plus externe à la plus interne) :
– La tunique fibreuse (cornée en avant, sclérotique en arrière).
– La tunique vasculaire (iris en avant, corps ciliaire, choroïde en arrière).
– La rétine ou tunique nerveuse (en arrière). Elle se poursuit par le nerf optique qui ramène les informations au cerveau.
Ces membranes renferment trois milieux transparents :
– Le cristallin (la lentille à l’intérieur de l’œil).
– L’humeur aqueuse (devant le cristallin).
– L’humeur vitrée (derrière le cristallin).
Qu’est-ce que le glaucome ?
L’humeur aqueuse est un liquide produit par certaines cellules locales et évacué par des petits espaces situés à l’angle entre l’iris et la cornée. Parfois, un problème quelconque empêche son évacuation. L’humeur aqueuse commence alors à s’accumuler, ce qui engendre une augmentation de la pression intra-oculaire (normalement, elle est de l’ordre de 8 à 25 mmHg chez le chien). Cela peut aboutir à une dégénérescence de la rétine et du nerf optique.
Il y a différents types de glaucomes. On les classe selon l’intensité et la durée de la maladie (chronique, aiguë), selon sa cause (congénital, primaire, secondaire) ou selon l’aspect de l’angle entre l’iris et la cornée (ouvert, étroit ou fermé).
Pourquoi un chien développe-t-il un glaucome ?
La plupart du temps, il s’agit d’un glaucome dit « secondaire », ce qui signifie qu’il est apparu suite à une autre maladie oculaire : luxation du cristallin (la lentille se déplace dans une position anormale), tumeur, inflammation de l’œil (uvéite, iridocylite…), traumatisme, complication d’une cataracte ou d’une chirurgie pour la traiter…
Il existe également des glaucomes dits « primaires » qui ne sont liés à aucune autre affection. Ils sont souvent héréditaires avec certaines prédispositions raciales (Beagle, Caniche, Elkhound, Cocker, Springer Spaniel, Basset Hound, Bouvier des Flandres, Schnauzer géant, Fox Terrier, Teckel…)
Pour finir, dans de très rares cas, l’animal a un glaucome « congénital » : il naît avec un globe oculaire anormal et les signes apparaissent dès ses premiers mois de vie.
Quels sont les symptômes ?
Les glaucomes primaires sont souvent bilatéraux (en général ils touchent d’abord un œil, puis le second un peu plus tard). En revanche, ceux secondaires sont plutôt unilatéraux. Quant à ceux congénitaux, cela dépend de l’anomalie. Par ailleurs, les signes varient en fonction de la durée et de l’intensité de l’atteinte. Ils sont plus discrets en cas de problème chronique, mais peuvent devenir assez violents lors de glaucomes aiguës :
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Douleur intense.
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Œil rouge et larmoyant, photophobie, pupille dilatée et paralysée, cornée recouverte d’un voile bleuté (perte de transparence due à un œdème), voire pigmentée ou parsemée de petits sillons plus tardivement (stries de Haab), cristallin luxé (la cause ou une conséquence du glaucome), augmentation de la taille de l’œil dans les stades avancés (buphtalmie)…
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Perte de vue partielle ou totale (cécité).
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Contractions répétées et involontaires des paupières (blépharospasme), recouvrement de l’œil par une petite membrane (la 3ème paupière qui est normalement glissée dans l’angle interne des yeux).
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Baisse de l’état général : abattement, perte d’appétit…
Comment se passe le diagnostic ?
Tout d’abord, les symptômes sont assez évocateurs. Pour poser le diagnostic, le vétérinaire effectuera ensuite un examen général et ophtalmologique. Il y a deux tests qui sont particulièrement importants :
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La tonométrie. Un appareil est placé contre la cornée anesthésiée de l’animal. Il permet de mesurer la pression intra-oculaire et donc de poser le diagnostic de glaucome.
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La gonioscopie. Elle consiste à poser une petite lentille sur l’œil du chien afin de visualiser l’angle entre son iris et sa cornée. C’est utile pour rechercher la cause du problème. Toutefois, l’opacité due à l’œdème cornéen rend parfois cela assez complexe.
Divers autres examens complémentaires peuvent également être recommandés tels qu’une échographie pour relever des anomalies oculaires ou un examen du fond de l’œil par ophtalmoscopie afin d’évaluer le pronostic visuel.
Quel est le traitement ?
La crise glaucomateuse aiguë est une urgence, il faut donc emmener son animal chez le vétérinaire au plus vite. Cette maladie peut rapidement avoir des conséquences graves et irréversibles.
L’objectif du traitement est de diminuer la pression intra-oculaire, de préserver la vision s’il n’est pas trop tard et de contrôler la douleur. Cela permet également de prévenir tout problème au niveau de l’autre œil sain.
En première intention, il est possible d’utiliser des médicaments en perfusion (glaucome aiguë), par voie orale ou en collyres. Néanmoins, on doit souvent rajouter une chirurgie. Si l’œil voit toujours, diverses opérations sont praticables (ex : techniques fistulisantes, destruction partielle du corps ciliaire au laser ou par le froid). De plus, si l’animal a un cristallin luxé, il faudra procéder à son extraction. Pour finir, en cas de pression et de douleurs incontrôlables avec perte totale de la vision, une énucléation (retirer l’œil) ou une prothèse seront à envisager.