L’intoxication à l’antigel chez le chien

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Crédits : Milan Krasula / iStock.
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L’intoxication à l’antigel est un problème peu connu des propriétaires. Pourtant, elle fait partie des dix principales causes d’intoxication canine. Ce genre de produit se retrouve notamment dans certains liquides de refroidissement ou lave-glace de voiture. Malheureusement, leur goût sucré plaît beaucoup aux chiens.

L’antigel et l’éthylène glycol

Les antigels sont des substances utilisées pour empêcher la formation de glace. En effet, ils abaissent le point de congélation de l’eau. La plupart d’entre eux contiennent de l’éthylène glycol, un composé toxique.

On peut en retrouver dans divers produits : lave-glaces et liquides de refroidissement automobiles, radiateurs, substances pouvant être exposées au gel (ex : nettoyants pour vitres)… Antigel mis à part, l’éthylène glycol a également de nombreuses autres applications : fabrication de textiles ou de bouteilles en plastique, climatisation, générateurs de fumée pour les fêtes, solvants (ex : peintures, encres), révélateurs photographiques…

L’intoxication du chien

L’éthylène glycol se présente sous la forme d’un liquide inodore et incolore. Toutefois, il a un goût sucré qui attire beaucoup les chiens. Cette forte appétence les rend particulièrement vulnérables à ce type d’intoxication. Elle a lieu lorsqu’un animal a malencontreusement accès à une préparation contenant le toxique : fuite de liquide à partir d’un véhicule, vidange chez le garagiste, bouteille d’antigel renversée… C’est un problème saisonnier que l’on observe beaucoup plus durant la période hivernale. Chez le chien, la dose létale varie autour de 3 à 6,6 mL/kg de produit pur.

Cependant, l’éthylène glycol lui-même n’est pas ce qu’il y a de plus dangereux dans cette intoxication. Il ne cause que les symptômes de la première phase (cf. paragraphe suivant). Mais lorsqu’il arrive dans le foie de l’animal, il se transforme en d’autres composés bien plus problématiques. Ces derniers attaquent alors les reins, le système nerveux et engendrent une acidose (un pH sanguin anormalement bas). Certains forment aussi des cristaux qui se déposent dans le système urinaire (voire dans d’autres organes comme le cerveau).

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Crédits : Paul Cooper / Flickr

Quels sont les symptômes ?

L’intoxication évolue en trois phases. En général, les premiers signes apparaissent 30 minutes après l’ingestion. L’éthylène glycol provoque une irritation digestive (nausées, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales…). Le chien présente également des signes similaires à ceux d’un état d’ébriété (pertes d’équilibre, incoordination quand il essaie de marcher, excitation…). De plus, il se met à boire et à uriner de manière excessive.

La deuxième phase débute 4 à 6 heures après l’ingestion. L’animal développe alors des problèmes cardio-respiratoires (respiration rapide et difficile, augmentation de la fréquence cardiaque…). Il boit de moins en moins, se déshydrate et devient de plus en plus abattu (dépression du système nerveux). Au bout de 12 heures, il peut y avoir une disparition de certains symptômes avec un chien qui semble en meilleur état, toutefois ce n’est que transitoire.

La dernière phase a lieu 12-24 heures après l’ingestion. Une insuffisance rénale se met en place, l’animal n’urine presque plus et des ulcères buccaux apparaissent. Les signes nerveux empirent, le chien peut même avoir des convulsions et finir dans le coma.

Comment se passe le diagnostic ?

Tout d’abord, le vétérinaire pourra suspecter une intoxication à l’éthylène glycol grâce à l’examen clinique et à l’historique (ingestion d’antigel observée ou probable…). Des examens complémentaires donnent également quelques indices : prise de sang (ex : paramètres rénaux perturbés, acidose), analyse d’urine (ex : présence de nombreux cristaux d’oxalate de calcium)…

Certains antigels contiennent aussi de la fluorescéine, une substance qui devient fluorescente si on la met sous une lumière spéciale (lampe de Wood). Elle est observable pendant quelques heures dans les urines ou dans la bouche du chien.

Il est également possible d’effectuer une analyse toxicologique pour rechercher l’éthylène glycol ou ses dérivés dans les vomissements, le sang, les urines et divers organes. Par ailleurs, si l’animal est mort, l’autopsie révélera des lésions assez caractéristiques.

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Crédits : Bluegame / iStock.

Quel est le traitement ?

Éliminer le toxique

En cas d’ingestion récente, le chien n’a peut-être pas encore absorbé l’antigel. Il faut alors tout faire pour éviter que cela n’arrive. Le vétérinaire pourra lui donner des vomitifs (si son état le permet et si le toxique a été avalé il y a moins de 2 heures), lui faire un lavage gastrique ou lui administrer des médicaments adsorbants (charbon végétal activé).

Pour ce qui est de l’éthylène glycol déjà absorbé, il faudra favoriser son excrétion. Cette dernière se fait par les urines. Ainsi, si l’animal peut toujours uriner, on entamera une fluidothérapie (perfusion) afin d’augmenter sa production urinaire.

Traiter les symptômes

La fluidothérapie permettra également de soigner divers désordres (déshydratation, acidose, problèmes ioniques…). Par ailleurs, selon l’état du chien, il faudra peut-être rajouter d’autres médicaments (anticonvulsivants…).

Donner l’antidote

Comme il a été dit précédemment, ce n’est pas l’éthylène glycol qui est vraiment dangereux, c’est ce en quoi il se transforme dans le foie de l’animal. L’objectif de l’antidote est donc d’empêcher cette transformation jusqu’à ce que l’éthylène glycol soit excrété dans les urines. Pour ce faire, deux substances peuvent être utilisées : l’éthanol 20% ou le fomépizole. Elles sont injectées au chien par voie intra-veineuse.

Quel est le pronostic ?

Malheureusement, le taux de mortalité est élevé (autour de 70%). L’animal peut mourir en quelques heures à cause des problèmes nerveux ou en quelques jours à cause des problèmes urinaires. S’il survit, la récupération est lente (3-4 semaines) et les lésions rénales sont souvent irréversibles.

Dans tous les cas, plus le traitement est mis en place tardivement, plus le pronostic s’assombrit. Il est donc important d’agir vite et d’aller chez le vétérinaire le plus rapidement possible.


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Rédigé par Dr. Grégoire, vétérinaire

Docteur en Médecine Vétérinaire, je suis avide d’apprendre et passionnée par le monde animalier. C’est avec grand plaisir que je partage avec vous ce que j’ai pu découvrir au cours de mon chemin !