Nous sommes le produit de notre environnement. Au bout du compte, une bonne partie de nos valeurs et de nos comportements découlent de notre éducation. Il serait donc temps d’enseigner quelques notions d’éthique animale à nos marmots. Le respect de l’autre, aussi poilu soit-il, est quelque chose d’essentiel.
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Des animaux à peine présents dans le programme scolaire
Historiens, psychologues, philosophes, juristes, éthologues, vétérinaires, biologistes… ils sont une quinzaine à avoir signé une tribune parue dans le journal libération. Elle plaide en faveur de l’enseignement de l’éthique animale à l’école. En effet, cette dernière est largement absente des programmes actuels.
Les animaux eux-mêmes y font rarement leur apparition. On les évoque brièvement, mais sous l’angle de l’espèce et avec une approche historique ou mécaniste (anatomie, arbres phylogénétiques, écosystèmes…).
Ils n’apparaissent pas en tant qu’êtres à part entière dotés de sensibilité, d’une conscience, d’une personnalité, d’émotions, de pensées… Toutes les dernières données d’éthologie sur leurs capacités cognitives sont éclipsées. De plus, les notions de respect et d’empathie envers eux semblent faire cruellement défaut. En somme, l’école n’aborde pas l’animal comme un individu avec un statut moral, ce qui l’exclut par conséquent des considérations éthiques.
L’animal-objet comme vision dominante
Par ailleurs, les bêtes sont surtout citées en lien avec ce qu’elles apportent à l’homme ou à la compréhension de ce dernier. Le sujet est donc en grande partie envisagé de manière unilatérale : « qu’est-ce que les animaux peuvent pour nous ? ». L’optique inverse, « qui sont réellement les animaux, que leur devons-nous et pourquoi ? », semble bien peu examinée.
Certaines excursions scolaires pérennisent également la vision de l’animal-objet. On donnera l’exemple des sorties au zoo ou au cirque. Rajoutez à cela les ateliers « culturels » sur la corrida ou la chasse… On présente aux enfants une normalisation de l’exploitation des animaux par l’homme et des relations interspécifiques basées sur les rapports de force et la domination. Autant dire que les notions de respect, de cohabitation et de compassion paraissent bien lointaines.
Pourquoi enseigner l’éthique animale ?
Tout d’abord cela apprend aux élèves le respect des animaux qui est la responsabilité de tout un chacun. C’est important car la sensibilisation de la population permet d’améliorer le bien-être de ces créatures, et ce, à grande échelle.
Mais une telle matière aide également les hommes. En effet, le thème du respect des bêtes conduit inéluctablement à celui du respect de l’autre et de la différence. Ainsi, on enseigne par le même biais des notions fondamentales dans le domaine de la tolérance entre êtres humains et de la lutte contre les discriminations.
De plus, le lien entre la violence envers les animaux et celle envers les autres hommes n’est plus à démontrer. Ce cours peut donc aider les enfants à rejeter la brutalité de manière générale. Par ailleurs, il développe leur sensibilité, les pousse à favoriser la coopération et leur apprend à tendre la main aux plus faibles. Pour finir, cela contribue également à leur inculquer le sens des responsabilités.
Pourquoi le faire à l’école ?
L’école permet de fournir des enseignements plus ou moins similaires à tous les jeunes Français quels que soient leur milieu social, leur contexte familial, leurs antécédents… Si certains parents souhaitent approfondir le sujet avec leur progéniture, c’est très bien, toutefois il faut également un socle minimum pour les enfants de ceux qui ne le feront pas. En effet, il existe aussi des familles qui ne savent pas comment s’y prendre, qui n’y ont pas pensé, qui n’ont pas le temps ou pour qui ça n’est pas un thème essentiel.
D’autre part, l’école est le moment idéal pour effectuer une telle démarche, car c’est à cet âge-là qu’on découvre le monde et qu’on absorbe les informations telles des éponges. Par la suite, l’homme devient plus hermétique aux nouvelles notions et plus enclin à s’accrocher à ses valeurs préalablement formées.
Pour finir, il existe déjà une matière scolaire qui serait tout à fait adaptée à un tel sujet : « l’éducation morale et civique » (EMC). Elle traite de nombreux points importants : discrimination, égalité homme-femme, handicap, harcèlement, tolérance religieuse, laïcité, questions environnementales, comportements citoyens… Les animaux y sont abordés, mais de manière très insuffisante comme nous l’avons vu précédemment. Pourtant, ce cours gagnerait sensiblement à s’enrichir de chapitres sur l’empathie, le questionnement éthique et le statut moral relatifs à ces êtres.
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