Et si on interdisait (enfin) la chasse à courre ?

chasse à courre
Crédits : Chris Strickland / iStock.
2.3/5 - (12 votes)

D’après un sondage de l’Ifop, 84% des Français sont contre la chasse à courre. De plus, 71% d’entre eux ne se sentent pas en sécurité lors de promenades en forêt pendant les périodes de chasse. Il serait donc peut-être temps d’agir.

Qu’est-ce que la chasse à courre ?

Il existe de nombreuses techniques de chasse différentes. La vénerie, ou chasse à courre, est l’une des plus violentes et des plus cruelles. Il s’agit d’une pratique ancestrale qui consiste à entraîner des chiens à être agressifs et à attaquer d’autres animaux.

Le déroulement des parties de chasse est très codifié. Les personnes y participant commencent par choisir une seule victime spécifique à harceler durant la journée. Cela peut être un cerf, un sanglier, un chevreuil, un renard ou un lapin par exemple. La meute canine doit ensuite poursuivre cette proie à travers toute la forêt, jusqu’à ce qu’elle tombe de fatigue et de terreur.

Puis vient l’heure de la fin sanglante. Quand l’animal n’arrive plus à courir, on sonne « l’hallali », un cri de chasse annonçant sa mise à mort. Il est alors soit dévoré vivant par les chiens, soit tué à la lance par les chasseurs et mangé sauvagement par la meute canine lors d’une cérémonie appelée « la curée ». C’est beau les traditions ! Bienvenue en France.

Publiée par Gérard Simenel sur Samedi 1 juin 2019

Une pratique qui soulève de sérieux problèmes

Une torture inutile

La bête chassée est poursuivie pendant des heures par une horde de chiens enragés, jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Elle est alors soumise à un stress et à un épuisement extrêmes. Sa mort est également des plus douloureuses (déchiquetée par la meute ou tuée n’importe comment par les chasseurs).

C’est affligeant sans même avoir besoin de rentrer dans le débat de l’antispécisme ou du végétarisme. En effet, si l’on met fin à la vie d’un animal afin de se nourrir ou de réguler les populations d’espèces invasives (qui envahissent l’environnement et causent des dégâts), rien ne nous oblige à le torturer en plus. Tuer une bête rapidement et en limitant ses souffrances pour s’alimenter ou lutter contre les nuisibles, ça n’est pas la même chose que la torturer longuement pour s’amuser.

Dans une proposition de loi datant de 2018, les termes employés par les députés afin de décrire la chasse à courre sont d’ailleurs très poignants. Les politiciens parlent d’une « pratique barbare » qui permet uniquement « à certains de laisser libre cours à leur désir de violence aveugle ».

Le bien-être canin en péril

Tout d’abord, certains chiens se blessent ou meurent durant la chasse. En effet, c’est une pratique qui s’avère parfois dangereuse. Ils peuvent être écorchés par les défenses des sangliers et les bois des cerfs, se noyer dans les fleuves en les poursuivant, tomber dans des ravins, etc.

Par ailleurs, si on participe à des chasses à courre, on n’a bien évidemment pas beaucoup de considération pour le bien-être animal. Et le gibier n’est pas toujours l’unique victime. Les chiens peuvent aussi en faire les frais. Ainsi, beaucoup sont élevés dans de tristes conditions enfermés dans des chenils.

De plus, ils sont souvent éduqués avec des techniques problématiques. Par exemple, les chiens de chasse sont surreprésentés parmi les animaux dressés avec des colliers électriques (souvent utilisés de manière excessive et inappropriée). Cependant, en raison de leurs nombreux effets néfastes, ces dispositifs sont sévèrement condamnés par la Société Européenne d’Éthologie Clinique Vétérinaire et l’Association Britannique des Vétérinaires Animaux de Compagnie.

Un danger public

Les toutous ne sont pas méchants par essence. Toutefois, lorsqu’on les éduque à tuer et qu’on cultive leur agressivité (combats de chiens, chasse à courre…), il peut y avoir des accidents. Ainsi, ces bêtes dressées à la violence risquent de se mettre à attaquer d’autres animaux de compagnie, voire des êtres humains (joggeurs, randonneurs, cyclistes, cueilleurs de champignons…).

D’ailleurs, il y a quelques mois, une femme enceinte a été dévorée par une meute de chiens alors qu’une chasse à courre avait lieu dans les environs – comme par hasard… Bien évidemment, la société de vénerie (les chasseurs) nie toute implication et plaide l’extraordinaire coïncidence.

De nombreux chiens jugés dangereux et condamnés à l’euthanasie par les tribunaux ont également été éduqués à attaquer d’autres animaux, lors de combats de chiens. Ils ont fini par déraper, provoquer des accidents et sont devenus un danger pour la population. Cependant, ils restent des victimes de l’éducation que leur propriétaire leur a donnée. On ne le rappellera jamais assez : il n’y a pas de mauvais chien, mais il y a des mauvais maîtres.

Ce nouvel événement à propos du sondage concernant la chasse à courre pour permettre à toutes et tous de partager les…

Publiée par Nathalie Valentin sur Mercredi 27 novembre 2019

La chasse à courre est interdite dans de nombreux pays

Belgique, Allemagne, Grande-Bretagne… divers pays à travers le monde ont déjà aboli cette pratique. Certains ont même créé des variantes sans cruauté animale. En effet, une fois de plus, la torture n’est pas une nécessité.

En Allemagne, on s’adonne au « schleppjagd », un sport où les chasseurs et leurs chiens traquent un leurre imprégné de déjections de renard. Cela suffit à attiser l’odorat des toutous et aucun animal ne souffre durant le processus. Il y a également le « drag hunting », une pratique similaire revenue au goût du jour en Angleterre. Dans ce cas-ci, c’est une odeur artificielle qui est poursuivie.

Mais dans l’hexagone, la chasse à courre reste toujours bien ancrée dans les mœurs. Notre bon vieux pays est encore très en retard. Il serait peut-être temps de prendre exemple sur nos voisins…

Vous aimerez aussi :

Des chiens luttent contre le braconnage d’animaux sauvages au Kenya

Les galgos : d’adorables lévriers martyrisés en Espagne

USA : maltraiter un chien est désormais passible de 7 ans de prison.


Avatar

Rédigé par Dr. Grégoire, vétérinaire

Docteur en Médecine Vétérinaire, je suis avide d’apprendre et passionnée par le monde animalier. C’est avec grand plaisir que je partage avec vous ce que j’ai pu découvrir au cours de mon chemin !