L’hypothyroïdie est la maladie hormonale la plus fréquente chez le chien. Comment la reconnaître ? Comment se diagnostique-t-elle ? Quel est le traitement ? Réponses tout de suite !
Sommaire
La thyroïde : un organe crucial
La thyroïde est une petite glande qui se trouve en dessous de la gorge de votre chien. Elle est composée de deux lobes localisés de chaque côté de sa trachée (ventro-latéralement). Cet organe est chargé de sécréter deux hormones : la T3 et la T4.
Ce sont des substances essentielles au bon fonctionnement de l’organisme. Elles interviennent dans de nombreux processus : métabolisme (ex : régulation des glucides, des lipides et des protéines, maintien de la température corporelle, consommation d’oxygène par les cellules), développement (en particulier du système nerveux et du squelette), équilibre des muscles, fonction cardiaque, digestive, reproductrice et rénale…
Qu’est-ce que l’hypothyroïdie ?
L’hypothalamus et l’hypophyse sont deux structures situées à la base du cerveau de votre animal. En temps normal, l’hypothalamus sécrète une hormone appelée « TRH » qui stimule l’hypophyse. Cette dernière produit alors une autre hormone, la « TSH », qui stimule la thyroïde. En réponse, la glande se met à sécréter les hormones thyroïdiennes (T3 et T4).
En cas d’hypothyroïdie, l’un des maillons de cette chaîne est en sous-régime. Il peut s’agir :
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Soit de l’hypothalamus (hypothyroïdie tertiaire). Des cas ont été rapportés chez l’homme, mais ça n’a jamais été mis en évidence chez le chien.
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Soit de l’hypophyse (hypothyroïdie secondaire). Cela reste assez rare.
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Soit de la glande thyroïde (hypothyroïdie primaire). C’est l’origine la plus fréquente : elle représente 95% des cas.
La plupart du temps, la maladie apparaît au cours de la vie de l’animal. En général, cela arrive entre 2 et 9 ans. On appelle ça une hypothyroïdie acquise. Dans d’autres cas, elle existe dès sa naissance et on parle alors d’hypothyroïdie congénitale. Par ailleurs, diverses races sont prédisposées à cette affection : Doberman, Golden Retriever, Teckel, Poméranien, Schnauzer, Cocker, Airedale Terrier, Caniche, Beagle…
Quelles sont les causes possibles ?
1. L’origine thyroïdienne
Il s’agit d’une destruction de la glande thyroïde qui n’est donc plus apte à sécréter ses hormones. Les deux principales raisons sont :
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La thyroïdite lymphocytaire. C’est une maladie auto-immune : le système immunitaire de votre chien se retourne contre son propre corps et attaque sa thyroïde.
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L’atrophie folliculaire idiopathique : les cellules thyroïdiennes dégénèrent en tissus graisseux. À l’heure actuelle, les causes exactes de cette maladie sont toujours inconnues. Il pourrait peut-être s’agir du stade terminal de la thyroïdite lymphocytaire.
Plus rarement, l’atteinte de la glande peut également être causée par d’autres facteurs : une tumeur, des médicaments (notamment ceux utilisés pour traiter l’hyperthyroïdie), une chirurgie, un trauma, des déficiences enzymatiques (la « dyshormonogénèse », un trouble encore mal compris), un problème congénital (présent dès la naissance)…
2. L’origine hypophysaire
Ce cas de figure est bien plus rare. Il peut s’agir d’une destruction de l’hypophyse (ex : tumeur, trauma, chirurgie), d’une malformation congénitale de l’organe ou de la prise de médicaments inhibant ses sécrétions (ex : corticoïdes).
3. Les autres causes
De manière encore plus anecdotique, on peut aussi citer une atteinte de l’hypothalamus (hypothyroïdie tertiaire) ou une carence en iode. L’iode est un élément nécessaire à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Cependant, une déficience est extrêmement rare de nos jours, car la plupart des chiens sont nourris avec des aliments industriels formulés par des spécialistes afin de bien couvrir leurs besoins.
Il existe également ce qu’on appelle l’hypothyroïdie fonctionnelle. Dans ce cas-ci, le problème provient d’ailleurs : maladie (ex : infection, syndrome de Cushing, diabète, épilepsie, insuffisance rénale, hépatique ou cardiaque), prise de certains médicaments… Toutefois, c’est une affection à part qui ne doit pas être prise en charge de la même manière que les hypothyroïdies « vraies ».
Les symptômes d’hypothyroïdie chez le chien
En cas d’hypothyroïdie acquise
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Faiblesse, fatigue, intolérance à l’exercice et au froid, diminution de l’appétit, prise de poids ou obésité…
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Problèmes cutanés : pertes de poils (symétriquement des deux côtés du corps ou au niveau de la queue), poil anormal (sec, cassant, terne…), pellicules, peau épaissie, grasse ou hyperpigmentée, retard de cicatrisation, infections, masque tragique (le visage a une expression triste à cause d’infiltrations cutanées qui engendrent un gonflement de certaines zones)…
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Troubles reproducteurs : problèmes de fertilité, atrophie des testicules, perturbations du cycle sexuel des femelles, avortements, écoulements de lait par les mamelles…
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Problèmes oculaires : dépôts de graisse dans la cornée, inflammation…
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Signes digestifs : constipation…
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Fréquence cardiaque anormalement lente, voire anomalies du rythme.
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Altération du comportement : dépression, agressivité, anxiété…
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Plus rarement, il peut aussi y avoir certains troubles nerveux particuliers : réflexes diminués, paralysies faciales, oscillations saccadées et involontaires des yeux, tête penchée sur le côté, pertes d’équilibre, marche en cercle, incoordination quand l’animal se déplace, voire coma dans les cas les plus sévères…
En cas d’hypothyroïdie congénitale
D’habitude, les symptômes deviennent flagrants entre 3 et 8 semaines d’âge. Tout d’abord, l’animal présentera un nanisme dysharmonieux : petite taille, grosse tête, déviation des membres… De plus, il aura un retard mental, aussi appelé « crétinisme ». Pour finir, divers autres signes viendront compléter le tableau : persistance des dents de lait, constipation, pelage anormal…
Comment se passe le diagnostic ?
S’il suspecte une hypothyroïdie, votre vétérinaire pourra recommander une prise de sang afin de doser ses hormones thyroïdiennes et sa TSH. Cela permet aussi de relever quelques indices souvent présents lors de cette maladie (ex : anémie et augmentation du cholestérol).
Toutefois, ces examens ne doivent pas être interprétés de manière isolée. Les taux d’hormones thyroïdiennes varient beaucoup en fonction du moment de la journée, de l’âge, de la race, du stade du cycle sexuel des femelles… Quant aux autres indices sanguins, ils ne sont ni constants ni spécifiques d’une hypothyroïdie. Par conséquent, pour pouvoir poser un tel diagnostic, l’animal doit également avoir des symptômes et un examen clinique indicateurs de la maladie.
Il existe aussi d’autres examens moins fréquents tels que le dosage sanguin d’anticorps anti-thyroïdiens (pour repérer une thyroïdite auto-immune), l’imagerie médicale, la biopsie de la glande ou le test dynamique (qui est très cher). Ce dernier consiste à injecter de la TSH à l’animal pour voir si sa thyroïde est capable de répondre correctement en sécrétant alors beaucoup d’hormones.
Le traitement de l’hypothyroïdie chez le chien
Un animal atteint d’hypothyroïdie n’a pas assez d’hormones thyroïdiennes. On doit donc lui en donner. Ainsi, il prendra des comprimés de T4 tous les jours, et ce, à vie. En général, la plupart de ses symptômes disparaîtront progressivement en quelques semaines.
Après la mise en place du traitement, il faudra refaire un contrôle (avec prise de sang) 1 à 2 mois plus tard, puis 1 ou 2 fois par an. Cela permet de suivre l’évolution de la maladie et d’ajuster les doses en fonction de l’état du chien.