La peur est un mécanisme bénéfique qui permet de se protéger face à une situation à risque. Cependant, lorsqu’elle est disproportionnée, comme en cas de phobie, elle se transforme en véritable handicap pour l’animal. Son maître en pâtit également car elle engendre des comportements problématiques. Voici l’essentiel à savoir sur la peur et les phobies du chien.
Sommaire
C’est quoi une phobie ?
Une phobie est une peur excessive, démesurée par rapport à la dangerosité de la situation. Les chiens peuvent avoir de nombreuses phobies : peur des humains, des autres chiens, des coups de fusil, des pétards, des feux d’artifice, des voitures, des avions, des orages, des aspirateurs…
Certaine phobies se généralisent aux autres stimulus proches. Par exemple, un animal initialement effrayé par les bruits de pétards peut finir terrifié par tous les sons similaires (coups de fusil, pétarades de voiture, bruits violents… ).
Certains chiens ont aussi des réactions d’anticipation : ils ont peur à la simple vue d’éléments annonciateurs de leur phobie. Par exemple, un animal avec une phobie des feux d’artifice peut paniquer en voyant un briquet.
Qu’est-ce qui peut causer une phobie ?
Un traumatisme
Lors d’une expérience bouleversante, votre chien peut associer un élément neutre de la situation (humains, autres chiens, coup de fusil, pétards, feux d’artifice…) à son traumatisme (douleur, stress…). Par exemple, si une voiture le renverse, il risque d’associer la douleur aux voitures en général et finira avec une phobie des voitures.
Il s’agit d’un « conditionnement classique » qui a mal tourné. Ce genre de réaction peut s’installer très rapidement (parfois en une seule exposition), dure longtemps et il est très difficile de s’en débarrasser.
Un manque de stimulation durant la jeunesse du chien
Entre 3 et 12 semaines, les chiots sont dans ce qu’on appelle « la période de socialisation ». Ils découvrent le monde et fixent leurs seuils d’alerte (qu’est-ce qui est normal et qu’est-ce qui ne l’est pas). Par la suite, tout stimulus sera comparé à ce référentiel afin d’évaluer sa dangerosité. Il est donc très important d’exposer les chiots à un maximum de stimulus durant cette période (contact avec des humains et avec d’autres chiens, prendre la voiture, sortir dans la rue, entendre les bruits de la ville…), sinon ils auront beaucoup plus de chances de développer des problèmes comportementaux tels que des phobies.
Quand un chien est confronté à un stimulus inconnu, avec les répétitions :
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Soit il aura de moins en moins peur jusqu’à ne plus réagir du tout (c’est ce qu’on appelle l’habituation). Cela se produit surtout lorsque le stimulus terrifiant apparaît de manière régulière, que l’animal est jeune et qu’il a la possibilité de fuir.
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Soit il aura de plus en plus peur (c’est ce qu’on appelle la sensibilisation). Cette dernière arrive surtout lorsque le stimulus terrifiant apparaît de manière brusque, imprévue, irrégulière, rare et que l’animal ne peut pas fuir. Sa peur grandit au fil des expositions et la phobie s’installe progressivement.
Les facteurs de risque
La probabilité de développer une phobie est également influencée par d’autres éléments tels que la génétique, le comportement de la mère et une séparation mère-chiot précoce. Tous les chiens ne sont pas aussi sensibles à la peur.
Quels sont les symptômes d’une phobie ?
L’animal peut présenter différents signes comme des sursauts, des tremblements, un halètement, des aboiements, une accélération du rythme cardiaque, une dilatation des pupilles, un comportement agressif ou destructeur…
Comment traiter une phobie ?
Instaurer un traitement est important pour la sécurité des autres gens (la peur peut provoquer de l’agressivité), pour le bien-être du chien et pour celui de ses maîtres (les phobies engendrent des comportements destructeurs, des malpropretés, des aboiements…).
Le traitement médical
Un traitement médicamenteux peut être très utile, toutefois il n’est pas toujours indispensable. Dans certains cas, les thérapies comportementales suffisent. Cependant, dans d’autres cas les médicaments sont de bons compléments.
C’est un moyen de rapidement stabiliser et soulager l’animal. De plus, ça permet d‘éviter les comportements problématiques. Les médicaments les plus utilisés sont les antidépresseurs et les anxiolytiques. En alternative, on peut également se tourner vers des médecines douces telles que les phéromones.
Les thérapies comportementales
Elles sont indispensables à toute amélioration. C’est la base du traitement. Toutefois, il s’agit d’un processus graduel, les progrès sont lents. Il faut donc s’armer de patience et de motivation. Il existe différentes méthodes qui peuvent être utilisées seules ou en combinaison :
– La désensibilisation est l’une des plus courantes. Elle consiste à présenter le stimulus effrayant de manière répétée en augmentant progressivement son intensité. Par exemple, lors d’une phobie de l’orage, on exposera le chien à des enregistrements de tonnerre avec un faible volume qu’on augmentera petit à petit au fil des séances.
– Le contre-conditionnement. Il s’agit de conditionner l’animal à associer sa phobie non plus à un stimulus désagréable (douleur, stress…) mais à un stimulus agréable. Par exemple, lors d’une phobie de l’orage, on donnera une friandise au chien à chaque coup de tonnerre pour qu’il finisse par associer les deux.
– L’extinction. Elle consiste à étudier le cadre familial pour repérer tout comportement du maître qui pourrait renforcer la phobie par mégarde, puis à éliminer ce dernier. Si la phobie n’est plus renforcée, à force elle va finir par disparaître d’elle-même.
Dans tous les cas, un vétérinaire comportementaliste et un éducateur canin pourront vous aider à trouver la solution la plus adaptée à votre chien afin de soulager son quotidien et le vôtre.
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