Dr. Grégoire, vétérinaire
Le Dogue Allemand, ou Grand Danois, fait partie des chiens les plus grands au monde. Mais ne vous fiez pas aux apparences, derrière ses allures de mastodonte, ce toutou est en fait d’une gentillesse sans fin ! D’un calme olympien, il a la réputation d’être le plus pacifique de tous les molosses. Son physique bien bâti, ses formes harmonieuses et son allure élégante lui ont aussi valu le surnom « d’Apollon de la race canine ». Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce grand malabar !
Le Dogue Allemand fait partie du groupe 2 « chiens de type Pinscher et Schnauzer, Molossoïdes et Chiens de Montagne et de Bouvier Suisses », au numéro 235 (FCI).
Sommaire
1. La petite histoire
Des origines antiques
Cette race descendrait de grands molosses de l’Antiquité. Un peu plus tard au Moyen Âge, des chiens de type Dogue étaient également utilisés par la noblesse européenne pour chasser le gros gibier (ours, sangliers, cerfs…), garder les châteaux et tenir compagnie aux seigneurs. On retrouve aussi des traces du Grand Danois dans les écrits de Buffon, un naturaliste français du 18ème siècle.
Toutefois, la variété à l’origine du Dogue Allemand actuel s’est développée en Allemagne vers la fin du 18ème siècle, suite à des croisements entre des Hatzrüden, des Saurüden et des Bullenbeissers, différents chiens combinant la rapidité du Lévrier et la puissance du Mâtin de type anglais.
L’officialisation de la race
Au début, le terme « Dogue » servait à qualifier tout les chiens de grande taille sans race clairement définie. Mais au fur et à mesure, le terme s’est peaufiné et différentes variantes sont apparues afin de différencier ces animaux sur la base de leur robe : Dogue d’Ulm, Dogue Anglais, Danois Hatzrüde, Saupacker, Grand Dogue…
En 1878, un comité décida de regrouper toutes ces variétés sous le nom de « Dogue Allemand ». Les critères de la race furent clairement définis deux ans plus tard, lors de l’exposition de Berlin. Cependant, il a fallu attendre 1888 pour que le club du Dogue Allemand soit enfin créé.
2. Le plus grand chien au monde !
Il s’agit d’une des plus grandes races, aux côtés de chiens tels que le Mastiff, le Saint-Bernard, le Barzoï ou le Leonberg. Néanmoins, c’est un Dogue Allemand qui a battu tous les records ! Il s’appelait Zeus et mesurait plus de 1,10 m au garrot. Rien que ça ! Debout sur ses pattes arrière, il pouvait atteindre 2,26 m de haut ! Zeus nous a malheureusement quitté en 2014, à l’âge de 5 ans, mais sa légende perdure et son record reste gravé dans les annales.
Par ailleurs, le plus grand chien toujours vivant est également un Dogue Allemand. Son nom est Freddy, il vit au Royaume-Uni et mesure 1,035 m au garrot. Ironiquement, quand il était bébé, c’était le plus petit de sa portée !
3. Un physique de titan
En moyenne, ce géant mesure 80 cm de haut (72 cm pour les femelles) et pèse 50 à 70 kg. Cet animal a un corps puissant et bien bâti. Sa forme générale assez particulière peut presque s’inscrire dans un carré. La silhouette est joliement taillée et les lignes harmonieuses.
Le cou est long, sec et musclé. Il s’affine jusqu’à la tête en se relevant majestueusement « en col de cygne ». Le dos est rectiligne et le ventre dessine une belle courbe postérieurement. La queue, quant à elle, est attachée haut et prend la forme d’un sabre lorsque le chien est en action. Pour finir, les membres sont dotés d’une ossature longue, robuste et ils se terminent en « pieds de chats » avec des doigts fortement cambrés. L’allure est assez souple et élastique.
4. L’Apollon de la race canine
Son physique combinant puissance, noblesse, fierté et élégance lui a valu ce surnom olympien tout droit tiré de la mythologie grecque.
Une tête joliment dessinée
Le crâne est étroit, allongé et finement ciselé. Le chanfrein et le front ont une longueur similaire et leurs lignes supérieures sont parfaitement parallèles. Le stop les séparant est clairement marqué.
De manière générale, le visage est très expressif. L’animal a des yeux en amande assez foncés, mais on admet aussi les couleurs plus claires chez les Dogues bleus et arlequins. Par ailleurs, les arcades sourcilières sont assez développées, ce qui amplifie l’intensité du regard.
Les oreilles s’attachent haut et tombent délicatement sans être plaquées. Plus bas, de grosses babines aux lèvres foncées bordent une mâchoire large, puissante et bien coaptée. Cette dernière se termine par une truffe noire, tachetée de noir, chair ou anthracite.
Un pelage brillant et diversifié
Le poil est simple, court et lisse. Il peut prendre différentes couleurs : noir, arlequin (blanc ou gris bigarré de noir), bleu (acier), fauve (jaune or) ou fauve bringé (jaune or avec des rayures noires qui suivent la direction des côtes).
La catégorie des Dogues noirs regroupe les chiens avec une robe unicolore noire de laque, les Dogues à manteau (noirs avec des marques blanches au niveau du cou, de la poitrine, du ventre et des extrémités) et les Dogues Plattenhunde (blancs avec de grandes plaques noires).
D’autre part, la peau doit être bien tendue, une peau trop lâche ou un fanon sont indésirables. Elle est pigmentée de manière uniforme chez les Dogues unicolores ou suivant les taches du pelage chez les autres.
5. Un molosse pacifique
Si on l’élève dans de bonnes conditions, sans violence et dans un environnement plein d’amour, le Dogue Allemand est tout sauf agressif et peut devenir un animal calme, doux, gentil et docile.
Son caractère équilibré, amical et affectueux en fait un excellent compagnon. Il peut aussi très bien s’entendre avec les enfants. Doté d’une grande sensibilité, il aime ses maîtres de tout son cœur et réclame caresses et compagnie dès que possible.
En outre, c’est un bon chien de garde. Méfiant envers les étrangers, il surveille sa maison d’un œil vigilant. Il n’est pas agressif par nature, cependant son physique imposant en fait un chien de dissuasion hors pair. Sa simple présence effraie les malfaiteurs sans même qu’il ait à attaquer,
6. Un animal qui a besoin d’espace
Tout maître potentiel doit clairement réaliser la taille de ce colosse et ne doit pas la prendre à la légère. Cette caractéristique peut s’avérer très contraignante. Le Dogue Allemand est un chien gentil et affectueux, toutefois sa taille nécessite un lieu de vie spacieux. L’animal a besoin de beaucoup d’espace, on ne doit pas l’enfermer dans un petit appartement. De plus, il faut le sortir régulièrement car son bien-être requiert de l’exercice.
7. Un prix à prendre en compte
À l’achat, le Dogue Allemand coûte autour de 1000 à 2000 euros. Cela varie selon son pedigree, son âge, son sexe, sa conformité aux standards de la race…
De plus, sa santé quelque peu fragile pourra peut-être engendrer des frais vétérinaires supplémentaires. En effet, nos amis anglo-saxons ont même surnommé cette race « the heartbreak breed » (la race au cœur brisé ou la race de chagrin).
De plus, il faut rajouter le budget entretien qui est proportionnel à sa taille. Ce molosse a d’importants besoins alimentaires qui se feront sentir sur le prix de la nourriture. Mais malgré tout cela, on retient quand même que cette adorable boule de poils en vaut clairement la peine !
8. Une santé fragile
Une duré de vie assez courte
Le Grand Danois vit 8 ans en moyenne. Sa santé délicate raccourcit son espérance de vie assez drastiquement.
Il est sujet à certaines maladies
– Dysplasie de la hanche et syndrome de dilatation-torsion de l’estomac.
– Panostéite éosinophilique, une atteinte de la moelle osseuse affectant l’os secondairement. Elle touche surtout les os longs et engendre des douleurs ainsi qu’une boiterie soudaine. Néanmoins, il s’agit d’une maladie auto-limitante qui disparaît spontanément, son pronostic est très bon.
– Ostépathie cranio-mandibulaire, une prolifération osseuse anormale au niveau du crâne (surtout vers la mandibule). Elle entraîne une déformation de la mâchoire, des troubles de la mastication et des douleurs pouvant mener l’animal à cesser de s’alimenter.
– Syndrome de Wobbler, une anomalie au niveau des structures cervicales (vertèbres, disques, ligaments…) entraînant une compression et donc une dégénérescence de la moelle épinière. Elle cause divers symptômes : douleurs au niveau du cou, troubles locomoteurs, parésies…
– Acné du menton.
Les chiens arlequins peuvent développer certains troubles
Leur couleur est due au gène « Merle ». En un exemplaire, il ne cause que cette teinte. Mais lorsqu’il est présent en deux exemplaires, il peut également provoquer une malformation de l’œil (microphtalmie) ou de la surdité.
Les autres prédispositions plus rares
On a également rapporté d’autres prédispositions : problèmes neurologiques (ex : dégénérescence cérébelleuse, myélopathie dégénérative des grands chiens, paralysie laryngée, mégaœsophage), cutanés (ex : alopécie des couleurs diluées), oculaires (ex : entropions, ectropions, énophtalmie, fente palpébrale trop large, éversion de la membrane nictitante, glaucome, cataracte, dysplasie rétinienne), cardiaques (ex : communication interventriculaire, persistance du 4ème arc aortique, sténose aortique, dysplasies valvulaires, cardiomyopathie dilatée), hormonaux (ex : hypothyroïdie)…
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