Le pyomètre chez la chienne : cause, symptômes et traitement

vétérinaire pyomètre de la chienne
Crédits : Alexsokolov / iStock
4.5/5 - (4 votes)

Le pyomètre est une maladie frĂ©quente. C’est une infection de l’utĂ©rus qui se remplit alors de pus. Il s’agit d’une urgence vitale : ce problème peut ĂŞtre très grave s’il n’est pas correctement pris en charge. Voici l’essentiel Ă  savoir.

Pourquoi une chienne développe-t-elle un pyomètre ?

C’est une maladie d’origine infectieuse (causĂ©e par des bactĂ©ries : E. coli le plus souvent) ET hormonale (favorisĂ©e par un taux Ă©levĂ© de progestĂ©rone). En gĂ©nĂ©ral, elle arrive en complication d’un autre trouble gĂ©nital : l’hyperplasie glandulo-kystique de l’endomètre. Lorsqu’il y a trop de progestĂ©rone, les glandes utĂ©rines prolifèrent et produisent Ă©normĂ©ment de fluide qui s’accumule. Le tout cause une inflammation locale et un environnement favorable aux bactĂ©ries. Ces dernières finissent parfois par prendre le dessus et un pyomètre apparaĂ®t.

Différents facteurs augmentent le risque de développer un pyomètre :

  • L’âge. Les animaux de plus de 8 ans sont les plus touchĂ©s.

  • Ne pas stĂ©riliser sa chienne.

  • La prise de mĂ©dicaments Ă  base d’hormones (ex : contraceptifs).

  • Le moment du cycle sexuel : la maladie apparaĂ®t souvent pendant le dioestrus et plus prĂ©cisĂ©ment 4 Ă  8 semaines après les chaleurs.

progestérone pyomètre de la chienne
Crédits : Zerbor / iStock

Quels sont les symptĂ´mes ?

La maladie peut prendre 2 formes

On parle de pyomètre « à col ouvert » quand le col de l’utĂ©rus est dilatĂ©. Il laisse passer le pus et la chienne a des Ă©coulements. Cette forme est moins violente : elle est souvent chronique et l’animal peut garder un bon Ă©tat gĂ©nĂ©ral.

Au contraire, on parle de pyomètre « à col fermé » quand le col de l’utĂ©rus ne laisse pas passer le pus. Ce dernier s’accumule, l’utĂ©rus se distend et les signes cliniques sont beaucoup plus sĂ©vères.

Les symptĂ´mes possibles

  • Des signes gĂ©nĂ©raux (surtout en cas de pyomètre Ă  col fermĂ©) : abattement, baisse de l’appĂ©tit, dĂ©shydratation… Parfois l’animal a Ă©galement de la fièvre.

  • Des Ă©coulements purulents ou hĂ©morragiques en cas de pyomètre Ă  col ouvert.

  • Des troubles digestifs (mais c’est moins frĂ©quent) : vomissements, diarrhĂ©e…

  • Une distension de l’abdomen apparaĂ®t aussi dans certains cas.

Les complications

Les bactĂ©ries et leurs toxines gagnent parfois le sang (endotoxĂ©mie, septicĂ©mie), envahissent l’organisme, provoquent un Ă©tat de choc et attaquent d’autres organes comme le cĹ“ur ou le foie.

De plus, une insuffisance rĂ©nale peut se dĂ©velopper. Un dysfonctionnement des reins engendre de la polyurie-polydipsie chez 28% des chiennes ayant un pyomètre. Cela signifie qu’elles boivent et urinent de manière excessive.

L’anĂ©mie (une chute des globules rouges) est Ă©galement une complication frĂ©quente. Il arrive aussi qu’on observe des troubles de la coagulation (CIVD), mais c’est plus rare. Cela engendre des saignements et des caillots.

Pour terminer, en cas de pyomètre Ă  col fermĂ©, l’utĂ©rus peut finir par se rompre et le pus passe alors dans l’abdomen. C’est une complication extrĂŞmement grave qui entraĂ®ne rapidement une pĂ©ritonite (une inflammation de l’enveloppe qui tapisse la cavitĂ© abdominale) et un choc septique.

Comment se passe le diagnostic ?

Le vétérinaire peut recommander différents examens :

  • Une Ă©chographie. C’est l’examen de choix. Elle permet d’observer la paroi et le contenu de l’utĂ©rus. Il est Ă©galement possible d’effectuer une radiographie, toutefois il s’agit d’une technique peu spĂ©cifique.

  • Un frottis vaginal. Il met en Ă©vidence une inflammation locale ou une grande quantitĂ© de bactĂ©ries.

  • Une prise de sang. Cette analyse est surtout utile pour Ă©valuer l’Ă©tat de l’animal, ainsi que ses complications. Elle peut montrer des signes d’infection gĂ©nĂ©ralisĂ©e, d’anĂ©mie, de dĂ©shydratation, de troubles ioniques ou acido-basiques, d’atteinte des reins ou du foie…

échographie pyomètre de la chienne
Échographie. Crédits : SbytovaMN / iStock

Quel est le traitement ?

Première Ă©tape : stabiliser l’animal

Tout d’abord, il faut s’occuper des complications les plus urgentes, celles qui risquent de rapidement tuer la chienne. Pour ce faire, on entamera une fluidothĂ©rapie (perfusion) afin de traiter la dĂ©shydratation ou le choc, de corriger certains dĂ©sordres (ioniques, acido-basiques) et de soulager la souffrance rĂ©nale. En gĂ©nĂ©ral, le vĂ©tĂ©rinaire prescrira Ă©galement des antibiotiques.

L’Ă©tat de la chienne sera ensuite surveillĂ© tout au long du traitement Ă  l’aide de prises de sang (hĂ©matologie, paramètres rĂ©naux, hĂ©patiques…), d’Ă©chographies et de contrĂ´les de la pression artĂ©rielle.

Le traitement chirurgical

C’est le traitement de choix. Il consiste Ă  ouvrir l’abdomen de l’animal afin de retirer ses ovaires et son utĂ©rus (ovario-hystĂ©rectomie). Cette mĂ©thode est très efficace et elle prĂ©vient les rĂ©cidives.

Le traitement médical

Dans certaines situations, un traitement mĂ©dical peut ĂŞtre envisagĂ© Ă  la place de la chirurgie. En plus des antibiotiques, il faudra rajouter divers autres mĂ©dicaments : anti-progestatifs (aglĂ©pristone), anti-prolactiniques, prostaglandines… L’objectif est de dilater le col et de stimuler les contractions de l’utĂ©rus. Le matĂ©riel purulent sera alors expulsĂ© par les voies naturelles.

Mais cette alternative est chère, les rĂ©cidives sont frĂ©quentes et la chienne risque de mourir. Elle est donc surtout rĂ©servĂ©e aux animaux destinĂ©s Ă  la reproduction pour qui une stĂ©rilisation serait vraiment problĂ©matique. On l’utilise Ă©galement chez les chiennes qui n’ont pas de rupture utĂ©rine, mais dont l’Ă©tat gĂ©nĂ©ral est trop affaibli pour supporter une opĂ©ration (le traitement est alors entièrement mĂ©dical ou suivi d’une chirurgie un ou deux jours plus tard lorsque l’animal est stabilisĂ©).

Vous aimerez aussi :

Pourquoi mon chien boit et urine beaucoup ?

Cystite chez le chien : causes, symptĂ´mes et traitement

Les différentes causes de la fausse-couche chez la chienne


Dr. Grégoire, vétérinaire

Rédigé par Dr. Grégoire, vétérinaire

Docteur en Médecine Vétérinaire de l'ULiège, je suis avide d’apprendre et passionnée par le monde animalier. C’est avec grand plaisir que je partage avec vous ce que j’ai pu découvrir au cours de mon chemin !