Le pyomètre est une maladie frĂ©quente. C’est une infection de l’utĂ©rus qui se remplit alors de pus. Il s’agit d’une urgence vitale : ce problème peut ĂŞtre très grave s’il n’est pas correctement pris en charge. Voici l’essentiel Ă savoir.
Sommaire
Pourquoi une chienne développe-t-elle un pyomètre ?
C’est une maladie d’origine infectieuse (causĂ©e par des bactĂ©ries : E. coli le plus souvent) ET hormonale (favorisĂ©e par un taux Ă©levĂ© de progestĂ©rone). En gĂ©nĂ©ral, elle arrive en complication d’un autre trouble gĂ©nital : l’hyperplasie glandulo-kystique de l’endomètre. Lorsqu’il y a trop de progestĂ©rone, les glandes utĂ©rines prolifèrent et produisent Ă©normĂ©ment de fluide qui s’accumule. Le tout cause une inflammation locale et un environnement favorable aux bactĂ©ries. Ces dernières finissent parfois par prendre le dessus et un pyomètre apparaĂ®t.
Différents facteurs augmentent le risque de développer un pyomètre :
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L’âge. Les animaux de plus de 8 ans sont les plus touchĂ©s.
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Ne pas stériliser sa chienne.
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La prise de mĂ©dicaments Ă base d’hormones (ex : contraceptifs).
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Le moment du cycle sexuel : la maladie apparaît souvent pendant le dioestrus et plus précisément 4 à 8 semaines après les chaleurs.

Quels sont les symptĂ´mes ?
La maladie peut prendre 2 formes
On parle de pyomètre « à col ouvert » quand le col de l’utĂ©rus est dilatĂ©. Il laisse passer le pus et la chienne a des Ă©coulements. Cette forme est moins violente : elle est souvent chronique et l’animal peut garder un bon Ă©tat gĂ©nĂ©ral.
Au contraire, on parle de pyomètre « à col fermé » quand le col de l’utĂ©rus ne laisse pas passer le pus. Ce dernier s’accumule, l’utĂ©rus se distend et les signes cliniques sont beaucoup plus sĂ©vères.
Les symptĂ´mes possibles
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Des signes gĂ©nĂ©raux (surtout en cas de pyomètre Ă col fermĂ©) : abattement, baisse de l’appĂ©tit, dĂ©shydratation… Parfois l’animal a Ă©galement de la fièvre.
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Des écoulements purulents ou hémorragiques en cas de pyomètre à col ouvert.
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Des troubles digestifs (mais c’est moins frĂ©quent) : vomissements, diarrhĂ©e…
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Une distension de l’abdomen apparaĂ®t aussi dans certains cas.
Les complications
Les bactĂ©ries et leurs toxines gagnent parfois le sang (endotoxĂ©mie, septicĂ©mie), envahissent l’organisme, provoquent un Ă©tat de choc et attaquent d’autres organes comme le cĹ“ur ou le foie.
De plus, une insuffisance rĂ©nale peut se dĂ©velopper. Un dysfonctionnement des reins engendre de la polyurie-polydipsie chez 28% des chiennes ayant un pyomètre. Cela signifie qu’elles boivent et urinent de manière excessive.
L’anĂ©mie (une chute des globules rouges) est Ă©galement une complication frĂ©quente. Il arrive aussi qu’on observe des troubles de la coagulation (CIVD), mais c’est plus rare. Cela engendre des saignements et des caillots.
Pour terminer, en cas de pyomètre Ă col fermĂ©, l’utĂ©rus peut finir par se rompre et le pus passe alors dans l’abdomen. C’est une complication extrĂŞmement grave qui entraĂ®ne rapidement une pĂ©ritonite (une inflammation de l’enveloppe qui tapisse la cavitĂ© abdominale) et un choc septique.
Comment se passe le diagnostic ?
Le vétérinaire peut recommander différents examens :
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Une Ă©chographie. C’est l’examen de choix. Elle permet d’observer la paroi et le contenu de l’utĂ©rus. Il est Ă©galement possible d’effectuer une radiographie, toutefois il s’agit d’une technique peu spĂ©cifique.
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Un frottis vaginal. Il met en évidence une inflammation locale ou une grande quantité de bactéries.
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Une prise de sang. Cette analyse est surtout utile pour Ă©valuer l’Ă©tat de l’animal, ainsi que ses complications. Elle peut montrer des signes d’infection gĂ©nĂ©ralisĂ©e, d’anĂ©mie, de dĂ©shydratation, de troubles ioniques ou acido-basiques, d’atteinte des reins ou du foie…

Quel est le traitement ?
Première Ă©tape : stabiliser l’animal
Tout d’abord, il faut s’occuper des complications les plus urgentes, celles qui risquent de rapidement tuer la chienne. Pour ce faire, on entamera une fluidothĂ©rapie (perfusion) afin de traiter la dĂ©shydratation ou le choc, de corriger certains dĂ©sordres (ioniques, acido-basiques) et de soulager la souffrance rĂ©nale. En gĂ©nĂ©ral, le vĂ©tĂ©rinaire prescrira Ă©galement des antibiotiques.
L’Ă©tat de la chienne sera ensuite surveillĂ© tout au long du traitement Ă l’aide de prises de sang (hĂ©matologie, paramètres rĂ©naux, hĂ©patiques…), d’Ă©chographies et de contrĂ´les de la pression artĂ©rielle.
Le traitement chirurgical
C’est le traitement de choix. Il consiste Ă ouvrir l’abdomen de l’animal afin de retirer ses ovaires et son utĂ©rus (ovario-hystĂ©rectomie). Cette mĂ©thode est très efficace et elle prĂ©vient les rĂ©cidives.
Le traitement médical
Dans certaines situations, un traitement mĂ©dical peut ĂŞtre envisagĂ© Ă la place de la chirurgie. En plus des antibiotiques, il faudra rajouter divers autres mĂ©dicaments : anti-progestatifs (aglĂ©pristone), anti-prolactiniques, prostaglandines… L’objectif est de dilater le col et de stimuler les contractions de l’utĂ©rus. Le matĂ©riel purulent sera alors expulsĂ© par les voies naturelles.
Mais cette alternative est chère, les rĂ©cidives sont frĂ©quentes et la chienne risque de mourir. Elle est donc surtout rĂ©servĂ©e aux animaux destinĂ©s Ă la reproduction pour qui une stĂ©rilisation serait vraiment problĂ©matique. On l’utilise Ă©galement chez les chiennes qui n’ont pas de rupture utĂ©rine, mais dont l’Ă©tat gĂ©nĂ©ral est trop affaibli pour supporter une opĂ©ration (le traitement est alors entièrement mĂ©dical ou suivi d’une chirurgie un ou deux jours plus tard lorsque l’animal est stabilisĂ©).
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